CONTE DE NOEL
Dans le grand salon la table n'était pas débarrassée. Sur la nappe jonchaient ce qu'on appelle des restes. De toutes sortes. Des morceaux de coquilles d'huîtres, des bouchons de champagne explosés, des petits bouts de bûche marrons, des os, des légumes indéfinissables, des tasses noircies, des verres de tailles différentes, des verres à vin, à pied, à eau, à Cognac ou Brandy, des couverts en désordre, des bouts d'os, de viande, des miettes de pain, de gâteaux, des taches multicolores de nourriture, de vin. Rien que par elles on pouvait reconstituer le menu entier.
Plus loin derrière, la cheminée de marbre ressemblait à une blanche chapelle. Sur la gauche, suffisamment éloigné de l'âtre se dressait un superbe sapin enguirlandé au faîte duquel brillait une étoile d'argent. A son pied des cadeaux emmaillotés de papier multicolores.
Aucun bruit, sinon de temps en temps le craquement du bois qui se consumait. C'est pourquoi Amy avançait à petits pas silencieux vers l'enchevêtrement de cadeaux entre la cheminée et l'arbre. La tradition eut voulu qu'elle attendit le matin pour exploser de joie devant tant de bonheur, mais la petite fille ne pouvait se retenir et cela l'empêchait de dormir.
Elle venait à peine de franchir la porte que son cri d'enfant horrifié déchira la nuit et emplit la maison lorsqu'elle découvrit son grand frère qui jouait avec ses toutes nouvelles poupées Barbès.
Jesus Christ!
Moins d'une petite poignée de secondes plus tard, la maman en chemise de nuit en dentelle rose s'encadra dans la porte et découvrant le spectacle, ne pu retenir sa colère.
-Jack! Cessez d'éventrer ces malheureuses poupées! Vous finirez mal, mon garçon...