PAUL AUSTER

Publié le par JIPEHEM

BIOGRAPHIE


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La nuit de l'Oracle

 

Je relevais d'une longue maladie. Quand arriva le jour de ma sortie de l'hôpital, c'est à peine si je savais encore comment marcher, à peine si je me rappelais qui j'étais censé être. Faites un effort, m'avait dit le médecin, et dans trois ou quatre mois vous serez à nouveau en pleine forme. Je ne le croyais pas, mais je suivi néanmoins son conseil. On m'avait donné pour mort et maintenant que, mystérieusement et en dépit des prédictions, j'avais échappé à la camarde, quelle autre possibilité s'offrait à moi que de vivre comme si un avenir m'attendait?

 

Je commençais par de petites sorties, pas plus d'un ou deux pâtés de maisons depuis chez moi, et puis je rentrais. Je n'avais que trente quatre ans mais, en pratique, la maladie avait fait de moi un vieillard, un de ces petits vieux tremblotants qui marchent en trainant les pieds et ne peuvent en poser un devant l'autre sans regarder d'abord lequel c (est. Même à l'allure très réduite que j'arrivais à soutenir, la marche provoquait dans ma tête une étrange impression de légèreté aérienne, un fouillis de signaux confondus et de connexions mentales entrecroisées. Le monde rebondissait et nageait sous mes yeux, onduleux comme des reflets dans un miroir déformé, et chaque fois que je m'efforçais de regarder une chose précise, d'isoler un détail du flot des couleurs tournoyantes –un foulard bleu noué sur la tête d'une femme, par exemple, ou le feu arrière rouge d'un camion de livraison-, il commençait aussitôt à se briser…

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 …Dix minutes plus tard, revenu dans la rue, je marchais vers l'hôpital pour retrouver Grace. FIN.


 

 


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G
<br /> J'aime cet écrivain que je n'ai pas l'honneur de connaître mais tu donnes envie. J'ai écrit un commentaire qui a disparu te parlant des mes lectures actuelles, il a disparu, note que je te parlais<br /> de Douglas Kennedy (j'ai lu tous ses livres) Fred Vargas, Philippe Claudel (tout lu) Anna Gavalda (tout lu), il y en a plein d'autres mais je n'arrive pas à m'en souvenir avec ce traitement qui<br /> pour me faire me sentir bien m'enlève une partie de mon âme avec ma mémoire. J'ai besoin de toi, en plus, j'ai été privée d'internet, de téléphone, de télévision, le pied!! JE t'embrasse TA gaby<br /> noyée dans les multiples rayons de sa bibliothèque spéciale sur le cinéma qui déborde, j'ai l'impression de me noyer, excuse moi<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Bon ! merci de ton passage. On ne peut pas dire que j'ai mis du temps à le lire. Par contre j'ai eu un mal fou à arriver à ton blog. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je vais préparer le repas car<br /> M. Phèdre est impatient. GROSBISOUSAVOUS;<br /> <br /> <br />
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M
<br /> je crois que j'ai à peu près tout lu de Paul Auster, romancier new yorkais, élégant, précis, cultive et captivant ayant des convictions de justice sociale ; <br /> <br /> <br />
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M
<br /> j'aime beaucoup cet extrait .. il y a poésie et suspens  A++<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Quelqu'un d'apparemment passionnant. Je crois que je lirai son livre. J'ai consulté ta bibliothèque. Nous aimons les mêmes gens : Jacquard, Vargas, Nothomb, Queffelec, Van Cauwelaert. En<br /> réponse à ton com. J'admets que les usines sont faites pour gagner de l'argent. Mais si c'est le but premier (tu parles tout de même d'un but pour une existences), c'est aussi pour faire vivre des<br /> gens. Sinon, la vie ne serait que cynisme. Flo<br /> <br /> <br />
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